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« La révolution mutation de notre civilisation viendra de l’océan et entre autre des algues ». Ce sont les mots de  Vincent Doumeizel, Conseiller Océan au Pacte des Nations-Unies et collaborateur au Manifeste pour les algues. L’heure de la Seaweed Revolution a sonné !

Il y a 10.000 ans, l’Homme est passé de la préhistoire à l’histoire moderne. Il a cessé d’être un chasseur-cueilleur sur Terre et s’est mis à développer l’agriculture et l’élevage. Dans l’océan, nous sommes encore des chasseurs-cueilleurs. On y déverse des déchets et on y puise des ressources (gaz, pétrole, poissons). C’est malheureusement fait sans aucune compréhension des impacts de nos actions sur les éco-systèmes marins. L’urgence aujourd’hui est d’apprendre à gérer les océans dont les algues sont les éléments fondamentaux.

Sans algues, pas de vie animale dans l’océan et donc pas sur Terre non plus. L’océan contribue en effet à 50% à l’oxygène sur Terre. Ces algues ont un potentiel inexploité et considérable en termes d’applications pour l’alimentation humaine et animale. Elles permettent le remplacement des plastiques et forment des puits de carbone. Elle contribuent grandement au nettoyage des océans. On doit enfin passer à une permaculture en mer et cultiver l’algue conjointement aux poissons, aux coquillages et autres ressources. La Seaweed Revolution apporte une approche disruptive aux démarches environnementales. Le mouvement Slow Life joue aussi un rôle, à un autre niveau, celui d’une attitude anti-gaspillage et anti-pollution. Les micro-algues, appelées aussi phytoplanctons, sont les nutriments les plus vitaux des océans, ne l’oublions pas.

Les algues, le baromètre santé des océans !

Les algues sont extrêmement faibles en graisse. Elles sont riches en beaucoup de nutriments essentiels pour notre santé. Elle contiennent  même de la vitamine B12. Jusqu’ici, seule l’Asie avait appris à domestiquer une ressource aussi riche et si peu coûteuse pour l’environnement. Les micro-algues peuvent effectivement nourrir la planète, mais aussi revêtir le rôle de transformateur. C’est non seulement un engrais, mais elles peuvent aussi remplacer nos contenants plastiques ou nos bouteilles. Les micro-algues peuvent déjà augmenter l’immunité des animaux, peuvent réduire le méthane et apporter un intérêt pour les fertilisants qui deviendraient bio et naturels.

On estime que 0,03% des grandes algues pourraient remplacer demain l’intégralité des bouteilles en plastique. Les domaines de la pharmacie, de la médecine, des compléments alimentaires et de la cosmétique vont également hériter des nombreux avantages des algues. Véritables puits de carbone, certaines algues qui poussent de 30 centimètres par jour peuvent atteindre 60 mètres de hauteur. Ces algues séquestrent ce carbone. Mais le problème aujourd’hui est que ces algues disparaissent peu à peu.

« Il y a comme un incendie sous la mer »

s’alarme Vincent Doumezeil et l’absorption de carbone disparaît elle aussi par conséquent.

Des écosystèmes vertueux et regénératifs

Enfin, certaines algues nettoient les océans de nitrates, de phosphates et de polluants issus de l’agriculture. C’est ce qu’on appelle la bio révélation des algues lorsqu’elles absorbent les substances qui viennent de la terre. Elles fournissent par ailleurs des habitats pour les poissons et coquillages en contribuant à former des écosystèmes vertueux et regénératif.

Le Manifeste des algues a été lancé par la Lloyd’s Register Foundation. Il est soutenu par United Nations Global Compact et réunit les promoteurs des algues issus du secteur privé, d’instituts de recherche, d’agences de l’ONU et d’ONG. Il est disponible ici.

Source : France Inter – Chronique littorale du 25 janvier 2021
Interview de Vincent Doumeizel sur France Inter par José Manuel Lamarque
Durée d’écoute 4 minutes