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Imaginez un monde sans internet, sans voiture, bateau, camion ni avion. Sans moyen de télécommunication ni le moindre bouton. Poussons cette romance, ou ce thriller selon vos croyances ou vos peurs, à un monde sans puces électroniques, vous savez, ce composant invisible et insignifiant sans lequel pourtant plus rien ne tourne rond. Le secteur de l’électronique crie justement famine en ce début 2021 et ne trouve plus assez de semi-conducteurs pour satisfaire la demande des consommateurs. L’univers de l’automobile est particulièrement concerné par cette dure réalité, contraint de passer de la cinquième à la première, voire à l’immobilité. L’univers de l’automobile accusait déjà les effets secondaires de la crise sanitaire. Sans surprise, il a subi de plein fouet les effets papillon de la sédentarisation forcée d’une immense partie de la population, à grands coups de confinements et de couvre-feux à répétition. Selon l’AFP, les immatriculations de véhicules particuliers neufs se sont effondrées de 25,5 % en 2020, nous ramenant à un chiffre similaire à celui de 1975. Par ailleurs, hantés par le spectre angoissant d’un chômage partiel ou économique, tout autant que par l’angoisse d’être contaminés, les gens ont dû apprendre à télétravailler et à rester plus longtemps chez eux. Du coup, beaucoup de chaînes de production s’animent à présent au compte-gouttes, notamment chez Renault. Il faut dire que nous sommes devenus des gloutons de puces électroniques avec ce nouveau mode de vie restrictif et un enfermement en pointillé : séries TV, télétravail, apéros-visio, téléphonie, consoles de jeu. Sans compter cette irrassasiable 5G qui consomme des sacs à puces à un rythme effréné. Cette pénurie n’est peut-être qu’un retour de bâton pour notre génération ultra-connectée qui devrait, pourquoi pas, en profiter pour décrocher un peu… Soulignons que la majorité des puces électroniques proviennent d’Asie, alors que nous avons tout près de nous, le 12ème plus gros fabricant au monde : STMicroelectronics, une multinationale française et italienne située près de Genève.

Dis Maurice, « tu ne puces pas le bouton » un peu loin ?

Dans cette période où règnent les boutons, les touches, les joysticks et les écrans, les puces sont Reines et l’électronique, en bon Roi, tenait jusqu’ici les rênes. Mais ça c’était avant, quand les fournisseurs de semi-conducteurs approvisionnaient pleine gueule les ténors du secteur, essentiellement paséo en Asie ou aux US : Intel, Samsung, TSMC ou encore SK Hynix. Certes, la surconsommation d’appareils « pucés » contribue à maintenir le niveau de qualité de confort du XXIe siècle, mais à quel prix pour la Planète ?

Ce signal d’alarme est peut-être l’occasion pour l’Homme de poursuivre sa conversion écologique. S’il souhaite préserver son stock de « Die », synonyme de puce électronique, il lui faudra par conséquent préserver sa Planète pour ne pas la voir Dead. Sous un angle philosophique, sociétal et écologique, on peut traduire ce message comme une opportunité de lutter contre le gaspillage, de passer enfin en mode éco et à l’autosuffisance dans des circuits-courts inspirés par la résilience de l’industrie. Une certaine sagesse pourrait ainsi émaner de l’utilisateur numérique de demain, plus raisonné et moins enclin à entretenir la technosphère, l’impact terrible et irréversible de l’Homme sur la Planète. En passant plus de temps sur notre ordinateur, nous contribuons logiquement à créer de plus en plus de données. L’augmentation phénoménales de ces données entraine un besoin croissant de serveurs et donc de temps de supervision, et ainsi de suite… Sans réflexion à long terme, nous courrons à notre perte en courant après cette technologie.

La crise sanitaire, un facteur d’accélération pour l’environnement ?

C’est dans ce contexte tendu que l’Homme a dû s’improviser plus responsable et modéré depuis l’arrivée du Covid19. Il a contribué à créer, grâce à une baisse de sa mobilité, une amélioration signifiante en matière environnementale, puisque ses déplacements représentent 30% des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France. Dans tout mal il y a un bien dit-on, alors félicitons-nous ou consolons-nous, parce que pour une fois, c’est la Planète qui en récolte tous les bénéfices. Nous pourrions peut-être entrevoir dans ce nouveau mode de vie, un nouvel art de vivre. Des pistes de réflexions sont certainement à exploiter pour renforcer notre objectif « Neutralité carbone 2050 ».

Une Techno vertueuse pour l’Homme et l’environnement, c’est pour quand ?

La techno est là, sous nos yeux, sous nos mains, mais visiblement pas encore dans tous les esprits. Nous avons la connaissance, des ingénieurs, le Cloud, des laboratoires d’intelligence artificielle et des datas en veux-tu en voilà. Au lieu d’opter pour le Slow Business, nous ne parvenons toujours pas à assouvir notre soif de profit, encore bien incapables de faire le choix entre le plus et le mieux. Comme si vendre toujours plus était une quête salvatrice, garante de bonheur ! C’est tout l’inverse bien sûr et c’est pourquoi le monde marche sur la tête. Fort heureusement, un outil prédictif comme « L’Atlas des synergies productives », développé par OpenStudio, peut nous aider à corriger notre acharnement à détruire l’environnement. En collectant d’innombrables datas et en les manipulant subtilement, et avec bienveillance, ce programme peut connecter des entreprises locales pour fabriquer un produit industriel fini en circuit-court : le rêve ! La simple possibilité de pouvoir s’affranchir demain des transports nationaux et internationaux, comme pour les puces, au profit d’une chaîne vertueuse au sein même d’un territoire, serait je crois la plus grande avancée pour l’Humanité depuis la première révolution industrielle.

Oui, mais à condition que…

C’est en effet sous condition que nous devons désormais produire et commercer. L’Homme peut et doit continuer de produire, à condition de ne plus nuire à la planète. Les usines peuvent tourner plein pot, à condition que leur système d’intelligence artificielle les guide vers une production raisonnée. L’activité commerciale peut continuer de se développer, à condition de ne plus se focaliser sur la quantité, mais la qualité. La résilience industrielle pourra un jour se faire, à condition que les consommateurs parviennent un jour à se dire « Ça devrait suffire », plutôt que « Ça, c’est au cas où… ». L’industrie durable apparait incontestablement comme notre salut, à condition bien sûr que l’Homme accepte de changer pour devenir enfin un être responsable et éclairé.

L’IA : une invitation à accélérer ou à déconnecter

L’intelligence artificielle, grosse consommatrice d’énergie, nous permet néanmoins d’optimiser un temps précieux de traitement. Une fois développée, elle procure un gain de temps époustouflant, corrigeant immédiatement son impact carbone par une pirouette technico éthique : « Je salis, mais je nettoie après ». Si certains peuvent s’inquiéter de la croissance des données, libre à l’Homme d’exploiter ce temps gagné grâce à l’IA pour déconnecter et prendre soin de lui. Évidemment, cela sous-entendrait de ne plus viser le toujours plus, toujours plus vite, mais le toujours mieux et toujours plus raisonnablement. Ce serait un croche-pied évident à la productivité qui nous embarque dans son interminable tourbillon sans aucune pitié, mais une opportunité aussi à vivre mieux, de façon plus douce et sereine.

Si cette intelligence artificielle qui travaille pour nous peut nous offrir plus de temps pour faire mieux les choses et d’autres choses, alors nous serions les grands gagnants de l’histoire. Faire mieux les choses, c’est éviter le gaspillage, éviter les malfaçons, éviter de faire, défaire et refaire et donc être plus efficient, précis et économe. Faire d’autres choses, c’est par exemple accorder plus de temps au Wellness en entreprise et chez soi ou encore mettre au point des projets industriels durables, comme lutter contre l’émission de CO2 ou l’eutrophisation des eaux maritimes et des zones côtières par exemple. Nous pourrions également apprendre à devenir moins dépendants des puces électroniques et des écrans.

L’IA peut être là pour optimiser notre productivité et nous offrir des algorithmes prédictifs puissants, sans pour autant accroitre un rendement voué à la surconsommation. Si l’industrie produit plus qu’il n’en faut, elle poussera le consommateur à acheter plus qu’il n’en faut et Dieu sait combien il est corruptible. Si elle produit raisonnablement, nous consommerons plus modérément. Ce triangle de la sagesse ne tient que sur trois pieds : l’industrie, les consommateurs et l’IA, la nouvelle clé de l’économie durable. Dans le monde d’avant, c’est la demande qui déterminait l’offre et provoquait une appétence insolente pour un confort surdimensionné. Le progrès va devoir composer avec la résilience et notre idée du confort avec plus de modération : manger moins de viande, opter pour le vélo quand la voiture n’est pas indispensable, déconnecter des écrans pour s’immerger dans la nature, régler son chauffage à 19° plutôt qu’à 20° ou 21° et tant de petites choses du quotidien à l’échelle de l’individu moyen.

L’équilibre d’antan qui reposait sur la loi de l’offre et de la demande est aujourd’hui redéfini sur la base de l’offre et du besoin : la nuance est importante. Le constat de la surconsommation est, pour un foyer moyen, la présence de 2 TV au moins, de 2 voitures, de plusieurs ordis, de plusieurs téléphones et Tutti quanti : la base ! On appelait cela le progrès avant, le raccourci d’un certain idéal du confort. Depuis 2015, avec les Accords de Paris et la COP21 et depuis 2017 avec la COP25, d’autres préoccupations deviennent plus essentielles, comme la planète et le climat, rien que ça. C’est un peu comme si la gourmandise et la luxure allaient devoir composer avec l’autosuffisance. Le monde d’après s’annonce inéluctablement épique, avec ou sans puces électroniques !