Et si nous pouvions échapper à la fin de l’humanité ? Pour nous en convaincre, malgré une période de guerres bactériologiques incessantes, un cyber-terrorisme croissant, une surpopulation inquiétante et une dégradation critique de l’environnement, Lowen est venu nous réveiller d’un songe interminable. L’humanité toute entière a été plongée dans le grand sommeil, contre sa volonté. Un coma profond provoqué par la diffusion d’une mélatonine modifiée qui devait tous nous maintenir dans un état de conscience minimale pendant deux ans. Cette hibernation imposée, appelée « Bios », sous couvert d’une stratégie de survie aux apparences louables, devait soit-disant sauver l’humanité d’elle-même. Mais en sera-t-il vraiment ainsi ? Éminent anthropologue, Lowen est l’un des pères fondateurs de l’organisation parallèle qui tire toutes les ficelles. Sa rencontre avec Altéa, endormie à l’âge de 23 ans le 2 décembre 2048, va être un réveil de conscience pour elle, comme pour lui.
Préface
L’expérience de l’ultime chance a été lancée en 2048 sur Terre par une élite d’anthropologues et de psychologues secrètement soutenus par les politiques et forces armées de chacun des pays du monde. Chargés d’enregistrer et de décrypter les pulsions inconscientes de tous les humanoïdes sur Terre, soit 98% de la population mondiale, ces chercheurs ont shooté notre conscience avec un opioïde de synthèse 100.000 fois plus puissant que la morphine. Cette drogue leur a permis de connecter en toute tranquillité notre puce – préalablement implantée dans tous les cerveaux humains après la 1ère Guerre Bionique – à un ordinateur surpuissant capable d’analyser en temps réel notre personnalité et de « l’upgrader » s’il le faut, c’est-à-dire lui apporter des mises à jour. C’est à cette période charnière de l’humanité, de septembre à décembre 2032, que l’Homme naturel s’est transformé progressivement en Homme semi-artificiel. Si cette première génération Humanoïde a permis d’éradiquer certaines maladies et de stabiliser un grand nombre de virus et de bactéries, dont les plus mortels, elle s’est néanmoins montrée jusqu’ici totalement inefficace pour raisonner l’Homme et l’aider à lutter contre son instinct primaire et destructeur. L’Homme, cette bombe à retardement….
Face à un mur et démunie, l’humanité améliorée se dirige tout droit vers l’extinction inéluctable de son espèce, embarquant avec elle, dans sa folie meurtrière, tous les animaux et végétaux de la planète, ainsi que les océans qui se font la belle, noyés depuis longtemps déjà par la pollution de l’Homme qui en a fait sa poubelle.
La première génération d’humanoïdes
Aussi surréaliste que cela puisse sembler, ce coup d’état sans précédent et silencieux est sur le point de prendre le contrôle de nos huit milliards de cerveaux qui seront endormis, puis passés à la moulinette algorithmique d’un coup de baguette magique. Ils resteront en activité 24/24h et 7/7j durant deux années consécutives pour subir de multiples scanners de conscience dans le but d’identifier des personnes potentiellement à risque et de les reprogrammer pour les enrichir de pensées et de fonctionnalités positives, aussi facilement qu’on apporte des améliorations à une application mobile. Un module se chargera d’effacer chez certains leur instinct primaire et agressif envers tout être vivant ou des comportements irrespectueux vis-à-vis de l’environnement. Cette bouée de sauvetage à grande échelle, dénommée aussi « La dernière chance », a été baptisée plus officiellement « L’opération Bios ».
En nous plongeant dans ce sommeil profond, mais techniquement contrôlé, ces ténors de l’anthropologie et de la psychologie se sont autoproclamés en toute impunité explorateurs de nos fantasmes, de nos rêves et de nos pensées. Ce groupuscule de chercheurs appartient à une organisation mondiale obscure importante et étatique baptisée « Osiris ». Osiris est issue d’un mouvement porté par des intellectuels idéalistes, influents, sans scrupule et se revendique comme étant le nouvel ordre mondial, fédérant tous les chefs d’état de la planète et de puissants laboratoires pharmaceutiques.
Le grand sommeil, la solution ultime
Arrivée au pic le plus important d’un inlassable épisode de guerres et de pandémies successives, l’Organisation Mondiale de la Santé a dû s’incliner face à la réalité, poser les armes, puis les larmes. L’Homme, réputé pour être un être éclairé, s’est ainsi retrouvé confronté à un destin peu réjouissant : s’éteindre ! En plus d’une violence croissante, la surpopulation est devenue si inquiétante qu’un rééquilibrage forcé a même été voté en assemblée. Une loi imminente autoriserait en effet les fondateurs d’Osiris de revoir à la baisse notre âge de longévité et la capacité des femmes à procréer. Il faut savoir que de nos jours, la technologie peut modifier en quelques clics nos paramètres physiques, intellectuels et physiologiques à l’aide de cette puce intelligente greffée dans chacun de nos cerveaux.
Les vaccins ont par exemple été remplacés par l’implant « B32 », créé par nos illustres chercheurs en neurosciences. Cette puce nous garantit depuis, l’accès à des thérapies préventives, à des remèdes miracles et à une immunité relative face aux armes bactériologiques. À l’exception bien sûr du nouveau gaz anesthésiant dédié au Grand sommeil, élaboré dans les laboratoires d’Osiris. Lui, passera entre les mailles du filet. Cette digitalisation cérébrale (et immorale) avait imposé à l’époque une vague internationale de micro-chirurgies individuelles. Acceptée par 99,13% de la population mondiale, cette intervention a nécessité d’emprunter le canal de l’oreille pour accéder à l’oreille interne. C’est ici que la B32 est confortablement logée au creux du vestibules de ce pavillon du dernier étage. Le grand sommeil n’est que l’arbre cachant la forêt. Je m’appelle Lowen et je vais vous raconter l’histoire rocambolesque de ce recours à la dernière chance…