Écrire pour écrire, je ne sais décidément pas faire, alors autant en rire, car je suis rédacteur, ascendant slameur. Écrire pour faire résonner des sonorités, des rythmes et des rimes à la tonne, pour cela en revanche, je suis votre homme. Amoureux du Slam, je ne peux m’empêcher d’écrire ainsi, avec les yeux, le cœur, les oreilles et l’âme. Au-delà de cette écriture auditive, je saupoudre bien souvent mes textes de discrets et élégants jeux de mots… enfin j’essaie. Cette finesse d’humour – à laquelle j’aspire tous les jours – épouse alors celle de ma plume, pour faire naître des textes différents, accessibles à tous et je l’espère, aussi chantants que touchants. Il faut dire que je suis insensible à l’écriture journalistique traditionnelle, souvent enrobée de miel et systématiquement dénuée d’avis personnel.
J’aime quand mes clients m’autorisent le « Je », car pour moi, cela ajoute de la crédibilité, du vécu et le sentiment d’une expérience partagée. D’ailleurs, je ne peux pas écrire sur un lieu sans l’avoir vu, sur une entreprise sans l’avoir visitée, sur un savoir-faire sans l’avoir vu en œuvre, ni sur une personne, sans avoir échangé avec elle. Mais une fois ces conditions validées, c’est alors un diabolique « Je » d’esprit qui jaillit dans ma tête, au service d’un sujet précis à traiter, de l’image d’une entreprise ou d’un territoire à valoriser et d’un lecteur à tenir constamment en haleine, sous peine de perdre inéluctablement son intérêt, son attention et toute sa curiosité.
J’ai néanmoins conscience que ce type d’écriture ne se vend pas aussi aisément que de la confiture. Pourtant, les Tanneries du Puy m’ont expressément sollicité pour mon écriture singulière. Aussi surprenant soit-il, mon travail a, de plus, été fortement apprécié par le service communication interne de la prestigieuse maison Hermès, à Paris. Imaginez alors ma surprise et ne soyez pas étonnés non plus, que mes yeux se soient spontanément levés aux cieux, comme pour remercier un altostratus ou un imaginaire scriptostratus, d’avoir soutenu et béni mes écrits saugrenus.
Au Puy-en-Velay, ma mission était de valoriser des savoir-faire et des artisans du cuir. J’ai passé 10 jours, 18 cafés et des heures à interviewer tous ces tanneurs armés d’un œil finement aiguisé, d’une hypersensibilité au toucher et d’un vocabulaire séculaire qu’il m’a fallu apprivoiser. Ensuite, j’ai traduit l’entièreté de leurs propos, dont j’ai respecté le fond, avant d’en romancer la forme. J’ai envoyé tout ça en priant, tel un apprenti cuisinier à qui l’on a confié la réalisation du dessert de l’année.
Fort heureusement, d’autres clients me font confiance et me laissent, eux aussi, carte blanche. Grâce à eux, mon amour pour l’écriture aux sonorités libérées, me fait vivre autant que ma passion pour la photo qui ne fait pas cliché. Mais cela fera l’objet d’un autre article, dans l’hypothèse où celui-ci vous aura satisfait…