Scroll to read more

Mais être soi-même à 50 ans, ça se passe comment ?

C’est comme à quarante, trente ou vingt : c’est ne pas s’attacher à ressembler à un autre, car tôt ou tard, celle ou celui qui sommeille en nous, ou hiberne déjà depuis des années, se révoltera et se lancera dans une guerre provoquant des conflits intérieurs difficiles à gérer. Peut-être plus facile à dire qu’à faire cependant, car cette société immorale et individuelle restreint nos champs d’actions, nous fond dans le moule et nous dicte ce que l’on doit faire et comment on doit le faire. Cela dépasse la personnalité de chacun, simple citoyen, et impacte sournoisement nos pensées et nos actions. 

Pour s’en libérer, il faut acquérir une certaine autonomie intellectuelle capable d’analyser objectivement les événements qui se présentent à nous, sans se rallier à l’attraction et la facilité d’une pensée commune. Il faut une force de caractère, quelques neurones bien faits et une bonne dose d’expérience avant d’être vraiment soi-même et surtout de le faire savoir. 

Si cet aboutissement de soi peut survenir avant 50 ans, il semble devoir attendre malgré tout le nombre des années avant de faire son apparition. D’un point de vue social et financier, nous sommes peut-être aussi plus à l’aise pour nous autoriser enfin quelques libertés, confortablement entourés des nôtres, d’autres Quinquas, qui n’aspirent qu’à revendiquer eux aussi qui ils sont, sans se pavaner pour autant (pitié), comme un faux-jeune dans leur quartier.

On est loin d’avoir tout vu, loin d’avoir tout fait, mais peut-être un peu fatigués d’être étouffés par une société tordue et démoniaque qui nous a pris pour des pions influençables sur le grand échiquier de la vie. D’ailleurs, on parle aujourd’hui d’influenceurs, des internautes qui, derrière un profil social sur le Net, sont payés pour incarner la référence dans leur domaine. 

Ils mettent en avant des produits ou services de sociétés qui les rémunèrent proportionnellement au nombre de vues qu’ils génèrent. Du coup, ces Pros de l’image, de la communication et de la séduction, aussi sincères et talentueux qu’ils puissent être parfois (mais pas toujours), stimulent notre fièvre acheteuse, réveillent notre envie de leur ressembler un peu et font de nous des moutons bien dressés, abandonnant sur le bas-côté tout ce qui nous définissait profondément et faisait de nous des êtres critiques, uniques et éveillés. 

Le XXIe siècle ne s’annonce pas être un second siècle des lumières, car si la technologie nous porte et rend nos vies plus douces, elle nous plonge également du côté obscur de la force, celle qui nous permettait justement d’avoir notre propre identité et notre libre-arbitre. On peut être encore naturellement maître de nos pensées, mais qu’on le reconnaisse ou non, même à 50 ans, nous sommes encore des individus fortement influencés par les médias et la société.

Un flux d’influences permanent dans le creux de nos mains

Son écran nous brûle les doigts, nous use l’index ou le pouce et nous glissons dessus des heures et des heures, mobiles ou immobiles, mobilisant pour lui toute notre attention. Sexy, ultra-communiquant et constamment actif, notre smartphone notifie notre journée comme une pendule bien réglée et nos interactions sociales à coup d’alertes incessantes. Il nous livre sur un plateau toutes les informations sur tout et nous connecte aux autres sans relâche. 

Sous le regard masqué d’algorithmes dopés à l’intelligence artificielle, il analyse toutes nos données et notre comportement avant de les classer et de les utiliser à des fins commerciales ou plus obscures. Nous sommes épiés, traqués et mis à nu en pleine conscience. Nous l’avons accepté et en redemandons encore. Le danger n’est pas d’être reliés les uns aux autres, ni d’avoir accès à des connaissances instantanément, tout cela est plutôt très sympa. Le diable est dans les détails comme on dit, il embrume notre esprit critique et notre capacité à réagir de façon raisonnée.

C’est ainsi que nous nous laissons porter par un courant continu, des ondes néfastes pour notre santé, reconnaissant fièrement notre addiction pour ce rectangle qui cannibalise une bonne partie de notre temps sans jamais nous rassasier. Nos sphères sociales expriment leur avis 24h/24. Les médias nous abrutissent d’informations. Les Fake-News sont virales et font la part belle à des sociétés sans scrupule qui jouent avec notre naïveté et notre indomptable index qui leur obéit bêtement au doigt et à l’œil, eux qui ne font pas l’amour à l’œil…

Rester soi-même en 2020, armé d’un smartphone et des réseaux sociaux, c’est en réalité l’art de nous désarmer et de diminuer nos facultés intellectuelles en nous gargarisant d’informations. Le trop est l’ennemi du bien et ça j’en suis certain. Mais alors quoi faire pour s’en sortir, sachant que nous serons de plus en plus dépendants de nos téléphones ? 

La sagesse bien sûr et la modération, réflexes que nous devrions adopter plus facilement que les jeunes, nous pré-grands sages devant l’éternel et eux que l’on dénonce injustement comme étant des goinfres de Gigas sans même nous rendre compte que nous sommes parfois pires. Cependant, s’il est utilisé avec modération, le smartphone peut devenir un outil précieux pour exprimer nos pensées et libérer celle ou celui que nous sommes vraiment. Encore une fois, tout n’est question que d’équilibre. « Il faut être modéré en tout » disait Descartes et en la matière, le 50/50 répond parfaitement à cette exigence.

Pile je fais du sport et conserve mon sex-appeal, Face je m’encroûte et perds la face !

Encore un choix à faire, celui de ne pas se laisser aller, de s’entretenir et d’être en grande partie une personne active et modérée. Ce n’est qu’à cette unique condition que nous garderons la condition, alors Action/Réaction ! 

Le sport n’est pas qu’un moyen pour garder sa silhouette de jeune premier et la santé, ce qui est déjà extraordinaire me direz-vous. Le sport est aussi l’assurance de rester attirant et désirable, nous éloignant d’un surpoids qui entraînerait forcément des problèmes de santé, des bourrelets disgracieux, du gras-mou sous les bras (vous savez, celui du « au-revoir ») ou encore un double menton qui pourrait faire croire qu’on baisse la tête alors qu’on regarde bien droit devant nous : Bouhhh, quel scénario flippant n’est-ce pas ? 

Alors sachez que se reprendre en main est toujours possible à 50 ans, encore faut-il ne plus perdre un seul instant. Néanmoins, tant que l’on reste bien dans sa peau, qu’on assume ses quelques rondeurs et que tout cela n’entraîne aucun problème de santé, alors tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, car il y a autant d’hommes que de femmes qui aiment les corpulences généreuses paraît-il. Il faudra en revanche aussi conserver ses autres précieux boucliers sur lesquels nous reposons l’essentiel de notre identité : je nomme encore une fois, la confiance et l’estime de soi. L’importance d’être bien dans son corps devient alors aussi essentielle que d’être bien dans sa tête, les deux avançant de pair.

Enrobé ou svelte, considérons que vous voilà tous aptes à séduire encore votre compagnon ou compagne de toujours en maintenant la petite flamme qui réchauffe le couple, ou, contraint et forcé, vous remettre sur le marché. La première question qui nous vient alors à l’esprit, c’est : combien je vaux (encore une fois) ? 

C’est un peu cru et mercantile de s’exprimer ainsi, mais a-t-on le choix quand notre rebond sentimental ne dépend aujourd’hui que des sites de rencontres, véritables catalogues de supermarché qu’il faut feuilleter, cocher et corner avant d’oser le premier contact ? Ayant une certaine expérience du sujet pour avoir trainé mes pixels et ma plume dessus durant une longue année, permettez-moi de partager avec vous mon bilan à titre de recommandations bienveillantes.

Sur un site de rencontres, votre valeur globale sera tout d’abord analysée par des algorithmes, puis classée dans des bases de données. Elles vous rangeront par tranche d’âges, par tailles, origines ethniques, passions, revenus annuels ou encore couleur de cheveux et des yeux. Vous serez déshabillés de la tête aux pieds par un programme qui permettra à celles ou ceux d’en-face de vous trouver, vous qui êtes un peu perdu en ce moment, mais correspondrez peut-être à leurs critères. Après avoir rempli ce formulaire, positionné des curseurs sur une barre et coché des cases, il faudrait ensuite s’atteler à la chose la plus importante d’une fiche de profil de site de rencontres : la photo principale ! 

C’est sur elle que reposera 80% de votre chance de vous faire remarquer. Vu qu’elle n’aura que quelques secondes d’espérance de vie sur l’écran, figurant en troisième ou douzième page, elle doit refléter au mieux qui vous êtes. Or, depuis l’existence de ces sites, une maladie gangrène l’esprit des membres, les poussant à accompagner cette photo de mensonges ou d’artifices d’embellissement appelés « filtres » qui connaissent un pitoyable succès sur les applications mobiles. À croire vraiment que les 3/4 des utilisateurs sont moches par défaut. Il n’en est rien, naturellement, mais ils se retrouvent soudainement prisonniers dans une spirale absurde qui consiste à se représenter sous la forme d’une poupée Barbie ou d’un Big Jim.

Au centre de toute cette supercherie technologique qui lisse la peau, fait disparaître ses imperfections ou nous fait mincir de partout, se trouve la bêtise humaine à laquelle s’ajoute le talent de développeurs qui vendent des kilo-octets de poudre de perlimpinpin. Le manque de confiance en soi et l’absence totale ou partielle de personnalité ou d’identité qui forment le mal du siècle sont ainsi rééquilibrés… mais à quel prix ? On perd celle ou celui que l’on est réellement ! On se laisse alors prendre au jeu pour faire bonne figure, c’est le cas de le dire, pour ressembler aux autres et on ment dans l’espoir de taper dans l’œil de quelqu’un, sans penser que le bluff n’aura qu’une courte durée de vie et qu’il éclatera aux yeux de l’autre le jour de la rencontre, si rencontre il y a. 

Rester soi-même, se présenter aux autres tel que l’on est et ne pas avoir honte de ses petits défauts semblent relever d’un miracle aujourd’hui, comme le démontre le succès de ces filtres aussi ingénieux que trompeurs, magiques que diaboliques. Attention, les sites de rencontres ne sont pas une fatalité pour rebondir après une séparation ou un divorce à 50 ans. Celles et ceux qui possèdent une grande sphère amicale, ont toujours eu l’habitude de sortir et de voir plein de gens ou alors sont des pros des AfterWorks, peuvent très bien se satisfaire de la vraie vie et faire une belle rencontre. Les deux environnements peuvent aussi se vivre…

Relancer notre métabolisme !

À 50 ans, tout est encore possible, à condition de ne pas se laisser aller. Certains se sentent en meilleure forme qu’à 30 ans, l’époque où ils passaient leur temps à enchaîner des bières avec les copains juste après avoir délaissé les vestiaires de leur club de sport préféré. Alors forcément, 20 ans après, quand ils reprennent enfin soin d’eux, qu’ils surveillent leur alimentation, leur sommeil, ne bringuent plus comme les maîtres de la nuit, mais comme de vieux sages irresponsables et se remettent à bouger, alors leur corps leur est vite reconnaissant. Donc pas de panique, la prise de kilos et la disparition des abdos n’est pas une fatalité, mais une conséquence réversible. Se retrouver en surcharge pondérale à 50 ans par exemple, n’est que la conséquence d’une hygiène de vie déséquilibrée et d’activités physiques abandonnées depuis quelques années. On peut aussi prendre très vite de l’embonpoint si l’on se laisse aller. Le danger est de ne pas continuer de manger comme on le faisait à 30 ans, puisque l’on ne se dépense absolument plus de la même façon et que notre vie est devenue progressivement plus sédentaire (sauf pour les énergumènes comme moi qui faisons beaucoup de sport). Il faut désormais adopter une alimentation proportionnée à notre dépense physique et donc changer nos habitudes. 

L’idée n’est plus de vivre pour manger comme on pouvait se permettre plus jeune, mais de manger pour vivre, juste avec l’essentiel. Cela écartera les risques au niveau cardiovasculaire et ainsi ne diminuera pas drastiquement notre espérance de vie. Pour relancer votre métabolisme, commencez par vous remettre à brûler des calories de manière optimale et surtout régulière, car la manifestation d’une bonne volonté sur quelques mois seulement ne vous permettra jamais de rétablir de façon pérenne votre système métabolique. C’est d’ailleurs là le point faible de l’homme et de la femme, car ici , nous sommes tous égaux. Nous sommes capables de perdre des kilos superflus au printemps, motivés par l’objectif d’une silhouette estivale idéale, et de tout reprendre en septembre en quelques semaines. Idem pour les semaines avant les fêtes de Noël, cette tradition d’objectif pondéral est légendaire, tout comme notre caractère corruptible face aux tentations.

Le métabolisme de base représente environ 60% de notre consommation énergétique journalière. À celui-ci s’ajoute notre activité physique et intellectuelle à hauteur de 30% en moyenne et enfin, les 10% restants sont consommés par notre système digestif. Pour stabiliser une bonne santé, nous devons trouver le point d’équilibre entre le nombre de calories absorbées et l’évolution de notre métabolisme. Si l’on parvient à l’augmenter, cela signifie que nous avons gagné en dépense énergétique et brûlé plus de calories. La pratique régulière d’une activité physique, l’intégration d’un jeûne intermittent dans la semaine, le fait de nous hydrater souvent, de soigner notre sommeil et de nous accorder des moments de détente contribueront à rebooster ce métabolisme et à rééquilibrer harmonieusement notre rapport Calories absorbées / Calories dépensées. Ensuite seulement, vous renaîtrez !

Si on change, alors tout changera !

« Nous sommes ce que nous répétons chaque jour » disait Aristote, autant dire que si l’on décide de ne rien changer, rien ne changera et vice-versa. À 50 ans, l’heure est donc peut-être au changement pour vous et si c’est le cas, il va falloir vous extraire de vos anciennes et envahissantes mauvaises habitudes (gardez les bonnes). Malheureusement, de même que ce sont les gourmandises qui nous procurent le plus de plaisir et sont les plus nuisibles à notre santé, ce sont comme par hasard les bonnes habitudes avec lesquelles il est le plus difficile de renouer. Monde cruel… Paris ne s’est pas fait en un jour, mais vous pouvez en revanche prendre le pari que vous atteindrez vos objectifs si vous êtes tenaces. Pour cela, fixez-vous des défis atteignables afin que ces efforts ne se soldent pas par un échec, suivi d’une perte d’estime de vous en bonus. Inscrivez-les sur un papier, affichez-les sur le frigo ou à un endroit bien visible, telle une cible derrière une porte. Avec un peu de motivation, les progrès arriveront vite et vous en serez les premiers surpris. Le vrai challenge ne sera pas seulement d’accomplir ces challenges, mais de les stabiliser et d’en faire votre nouvel art de vivre pour ne pas tout reperdre en un éclair.

50 ans est l’heure du bilan, mais aussi des bonnes résolutions, puisqu’il n’est jamais trop tard pour bien faire paraît-il. Sans stresser exagérément sur ce sablier qui continue de s’écouler, souvenez-vous néanmoins que les années passent vite et que plus vous aller prendre de l’âge, moins vous aurez de l’énergie pour entreprendre ces changements. Vos inquiétudes, vos doutes et vos peurs s’envoleront quand vous l’aurez décidé. Nous sommes ce que nous déclarons être ! 

Devenons conscients de nos comportements inconscients pour les transformer et nous obtiendrons ce changement radical tant espéré, s’il n’est pas déjà venu vous chatouiller. On appelle cela du développement personnel, l’art de se prendre en charge, d’adopter un meilleur style de vie et de se motiver pour vivre mieux avec nous-mêmes et les autres. 

Même à 50 ans et au sommet de cet arrondi de la vie, nous devons garder à l’esprit qu’après avoir gravi, il nous faut stabiliser le plus longtemps possible avant de glisser de l’autre côté de la pente, en espérant qu’elle soit moins raide qu’au commencement. Cette image graphique de la vie illustrée en demi-cercle est à prendre en compte, une façon d’expliquer pourquoi nous avons cette sensation étrange d’être au sommet de notre existence, mais aussi pourquoi nous commençons à réaliser que la vie d’avant peut commercer lentement à nous échapper… 

Les sondages nous informent que l’âge le plus serein avoisinerait les 65 ans. Peut-être qu’il nous sera agréable en effet à ce moment-là de nous laisser glisser sagement, un peu comme un ricochet que l’on souhaite suivre le plus longtemps possible au-dessus de la surface de l’eau. Et puis qui sait, on peut aussi se retrouver confortablement blotti dans un cratère douillet si la vie nous en fait cadeau, le temps de savourer encore notre vitalité de vieux quinquas devenus de jeunes séniors. Mais nous n’en sommes pas encore là et de nombreuses années se présentent encore devant nous. Ouf !

> Accédez à l’Épisode 5