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Un projet fou, né dans le désert de Maio

Dans les terres arides de l’île de Maio (Cap-Vert), un projet expérimental et visionnaire prend racine : Maioasis. Créé par Raphaël Colicci, agriculteur-chercheur originaire du Lodévois (Hérault), ce projet vise à démontrer qu’il est possible de cultiver des aliments frais, nutritifs et durables — sans eau douce, dans un environnement hostile. Installé sur quelques hectares, Maioasis est une ferme d’agroforesterie autonome, conçue pour résister à la sécheresse, à la salinité et au changement climatique. Son objectif ? Produire des variétés anciennes de légumes et de fruits, riches en polyphénols, résistantes aux maladies, et adaptées aux sols pauvres — tout en restant 100 % agrobiologique. « Ces variétés sont plus gustatives, plus résistantes, et ont des vertus médicinales grâce à leur qualité nutritionnelle », explique Raphaël Colicci. « L’agriculture peut aller plus loin que nourrir : elle peut guérir, reconnecter, et rendre la terre vivante », ajoute Miguel Espada.

Justice alimentaire : « un droit universel, même dans les déserts », Miguel Espada

Le projet Maioasis s’inscrit dans une vision plus large : la justice alimentaire. Pas seulement comme accès à la nourriture, mais comme droit à une alimentation saine, locale, durable, et produite avec dignité — même dans les régions les plus délicates. Dans un monde où 800 millions de personnes souffrent de la faim, et où les zones arides s’étendent, Maioasis propose une réponse concrète : cultiver là où on ne croit plus possible de cultiver. « La justice alimentaire, ce n’est pas seulement distribuer des repas. C’est redonner aux communautés locales la capacité de produire leur propre nourriture — sans dépendre des chaînes globales, sans détruire les sols, sans gaspiller l’eau. »

Une coopération Internationale en marche

Le projet n’est pas un fantasme isolé. Il est soutenu par des partenaires locaux et internationaux :

  • Miguel Da Rosa, maire de Maio, a visité le site en mars 2024, accompagné de délégations cap-verdiennes.
  • Vital Fernandes, président de la société publique Aguas e Energia, chargée de la gestion de l’eau à Maio, est impliqué dans les discussions sur la durabilité du projet.
  • Des tables rondes internationales ont été organisées avec des représentants du Sénégal, du Ghana, de Guinée et du Cap-Vert, pour explorer des modèles de coopération.

Une école expérimentale pourrait bientôt voir le jour sur le site, formant les jeunes agriculteurs locaux aux techniques d’agroforesterie et de gestion des ressources.

Un modèle d’avenir pour tous

Maioasis n’est pas un jardin secret. C’est un laboratoire ouvert, un modèle reproductible, destiné à être adapté dans d’autres régions arides — en Afrique, en Méditerranée, voire en Europe du Sud. Son ambition ? Démontrer que l’agriculture sans eau est possible — et qu’elle peut nourrir, guérir, et réparer la terre. « Nous ne voulons pas juste survivre. Nous voulons créer des oasis de vie, de dignité, et de justice alimentaire — partout où la terre semble morte. »