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Étude du 9 février 2021 effectuée par l’ACSEL
Selon l’ACSEL (l’association de l’économie numérique), la crise sanitaire a accéléré l’usage du numérique. Il s’agit de la principale association multisectorielle et transversale du numérique en France, dont la mission est l’accélération de la transformation numérique. S’être penché sur les effets secondaires de la première saison Covid19 en France nous révèle un bilan sans appel en faveur du numérique. Cela dit, il invite aussi à quelques interprétations que je me suis permis de vous livrer dans cet article (couleur rouge). La confiance des Français dans le numérique depuis la crise sanitaire est aussi peut-être due à l’effet convivialité…
Ces résultats dévoilent peut-être discrètement la dépendance de la population envers le numérique, puisque privée de contacts directs, elle a dû s’adapter : consultation e-Banque, e-Santé (23% de téléconsultations, perçues pour 62% d’entre-eux comme positive) et e-Administrative, suivi de la vie scolaire des enfants, du lien familial et amical maintenu à distance, loisirs d’intérieur (jeux, séries, films, musiques, etc.) et bien sûr le télétravail (38% déclarent télétravailler plus qu’avant la crise).
La confiance des Français dans le numérique depuis la crise sanitaire : un hasard ?
Peut-être pas ! C’est boostés et contraints que certains internautes seraient devenus grâce à cela plus familiers avec l’outil numérique. L’occasion peut-être pour eux de réaliser les bienfaits du digital au sein d’un foyer et de leur quotidien, transformant un mal nécessaire à une utilisation réellement sympathique. Par ailleurs, je soupçonne que le numérique ait pu créer ou amplifier un sentiment de convivialité auprès de nouveaux utilisateurs jusqu’ici réfractaires. Que l’utilisation d’internet en période de crise et de confinement ait eu un rôle d’évangélisation au digital auprès des septiques et utilisateurs occasionnels ne me surprendrait pas : visio avec la famille (44% pour rester en contact avec ses proches), apéro-visio (convivialité), confort du télétravail pour être avec les enfants (34% pour occuper les enfants), séries TV (30% pour se divertir (films, séries, musiques), achats en ligne, réseaux sociaux (33% pour consulter les réseaux sociaux), Click-and-Collect, etc.
Concernant les activités e-Commerce, 65% des internautes déclarent avoir utilisé davantage internet en période de confinement. Pas surprenant !
- 17% des français indiquent faire des achats en ligne chaque semaine (+3 points)
- 83% sur plateformes uniquement en ligne (amazone, wish, etc.)
- 66% sur les sites d’enseignes de grands magasins (Darty, Fnac, et Carrefour, Auchan)
- 36% sur des plateformes d’achats entre particuliers (le Bon Coin, Vintade)
- 29% via des applis de livraison et de réservation (UberEats, Deliveroo, la Ruche qui dit oui)
- 27% sur des sites de petits commerçants de proximité
Cette accélération des usages pendant la crise a renforcé la confiance dans le numérique par une pratique devenue quasiment incontournable et régulière par la force des choses. Ce déclic psychologique aurait permis de convaincre 28% des interrogés qui ont reconnu se sentir plus en confiance pour effectuer des démarches en ligne, contre 11% seulement qui ont ressenti l’effet inverse. Pour les 61% restant, la crise n’a pas modifié leur niveau de confiance.
Hormis l’IA qui perd 2 points de confiance en 2020, l’e-Administration, l’e-Commerce, l’e-Banking et les messageries instantanées gagnent entre 2 et 5 points, avec même +10 points pour les réseaux sociaux. Cette confiance accrue n’atténue pas néanmoins le spectre des fraudes qui hantent encore les esprits : hameçonnage, arnaque, fraude bancaire, usurpation d’identité ou encore Ransomware (rançon).
La confiance dans le numérique a atteint en 2020 son plus haut sommet depuis 2015, avec en plus des démarches responsables engagées, mais reste encore minoritaire (42% de confiance seulement).
C’est au niveau des données personnelles que le bas blesse toujours. 80% des français ont mis en place au moins une stratégie d’évitement et de protection :
1- Effacer les cookies et autres fichiers temporaires
2- Effacer le cache du navigateur
3- Installer un bloqueur de publicité
4- Créer des adresses email spécifiques
5- Fournir volontairement des données étonnées (on appelle cela l’offuscation)
La suppression des données personnelles passé un certain délai est un souhait unanime considéré comme très important pour 93% des interrogés, soit 4 points de plus qu’en 2019. Il paraît évident que l’ensemble des utilisateurs a pris conscience de l’importance de leurs données personnelles et des exploitations qui en sont faites. Ce côté obscur inquiète encore et imposera des procédures sécurisées et officielles pour les rassurer à l’image de FranceConnect, la fameuse « identité numérique certifiée par l’état ». FranceConnect décroche un taux de 65% de confiance auprès des utilisateurs et un autre de 61% qui serait prêts à l’utiliser pour autre chose que des démarches administratives.
Les 15-34 ans sont d’ailleurs plus sensibles à ces identités numériques certifiées que leurs aînés :
- 15/24 : 71%
- 25/34 : 72%
- 50/59 : 46%
- +60 ans : 54%
N’oublions pas que sur un plan économique, Internet et le numérique ont permis de limiter la casse durant la crise et 69% des internautes le reconnaissent. Ils ont également permis de maintenir le lien social pour 69% d’entre-eux, de rester mieux informé durant la crise pour 68%, de limiter l’impact psychologique de la crise pour 65% et enfin d’organiser la solidarité en ligne pour 65% des interrogés.
Internet et le numérique ont encore évidemment un long chemin à parcourir pour convaincre et rassurer toute la population. Y parviendront-ils totalement un jour d’ailleurs ? Si l’exploitation des datas est visiblement le cap le plus délicat à franchir, avec l’angoisse de la fraude qui rode, il me semble irréfutable que l’intelligence artificielle – remise entre les mains d’organismes et de prestataires bienveillants – sera notre salut. L’humanité devra apprendre à lui faire confiance tout devenant plus clairvoyante et prudente, notamment sur les aspects de la vie privée, familiale et intime… à mon humble avis.
L’IA n’a, je pense, pas vocation a devenir la police d’internet. Elle peut en revanche aider grandement les forces de l’ordre (Police / Gendarmerie), la DGCCRF, la CNIL ou encore l’SDLC (l’Office Central de Lutte contre la Criminalité liée aux Technologies de l’Information et de la Communication) à lutter contre la malveillance, la cyber-criminalité et les Trolls.